On a pu lire ou entendre telles ou telles critiques exprimées à propos du palmarès de notre dernier concours régional.Cela m’inspire cette réflexion, à la lumière de l’expérience que j’ai vécue au sein d’un jury, tant au niveau régional que national, il y a, certes, quelques années, mais, toujours d’actualité.
Juger un film est une démarche importante qui consiste à appréhender, à la fois, la dimension sensorielle et l’aspect émotionnel de celui-ci.
Appréhender la dimension sensorielle, c’est exprimer un avis objectif sur ce que nous voyons et entendons. Ceci fait appel à la vue et à l’ouïe et concerne, essentiellement, l’image et le son.
L’image : respect des techniques de prise de vue, de la grammaire cinématographique, entre autres. Mais, également, jugement sur l’esthétique, l’éclairage, le choix des cadrages, la continuité des couleurs (étalonnage). Cette énumération n’est que partielle …
Le son : qualité de la prise de son et du mixage, continuité dans la bande-son, absence de distorsions, de sautes et de bruits parasites, respect des bruits d’ambiance, originalité et pertinence des commentaires, choix des musiques, etc.
Appréhender l’aspect émotionnel, c’est exprimer notre propre ressenti vis-à-vis du fond, la manière dont nous adhérons, ou non, au sujet et à la façon dont il a été traité.
C’est, également, manifester le sentiment personnel que nous inspirent le contenu, les personnages, les décors, les paysages, les comédiens, notamment la maîtrise de leur emploi, comment ils entrent dans la peau de ceux qu’ils sont censés incarner… et cette liste est loin d’être exhaustive.
Enfin, c’est traduire notre façon de nous glisser, ou non, au cœur du film, de l’aimer, d’y être indifférent, ou de le détester.
Respecter ces règles fondamentales me semble la condition indispensable au maintien du niveau de nos productions qui ne doivent, en aucun cas, souffrir d’à peu près.
Ce n’est qu’à ce prix que nous outrepasserons la médiocrité de nombre de vidéos déversées quotidiennement sur certains sites et autres plateformes d’hébergement par des réalisateurs qui se proclament auto-formés et qui font fi de la grammaire cinématographique ainsi que de tous conseils qu’ils pourraient obtenir près de clubs de la FFCV, qu’au demeurant, ils ne fréquentent pas !
Le talent s’enracine dans le travail. Alors, filmons, respectons, peaufinons et … gagnons !
Yves Perdriau