Pourquoi le cinéma nous manque en cette période de quarantaine

Je vous propose ce texte qui date d’un an, mais qui est toujours d’actualité.


par Valérie de Marnhac (https://rcf.fr/la-matinale/)

 
À cause du coronavirus, le secteur de la culture est à l’arrêt, les salles de cinéma sont fermées. C’est l’occasion de se demander ce que nous allons chercher au cinéma depuis 120 ans.
 

Avant tout bien sûr, le cinéma c’est un plaisir, le plaisir d’une sortie à deux, en famille, entre amis. Le plaisir de partager des émotions, des sensations fortes sur grand écran, surtout quand les studios de production se déploient en imagination et en effets spéciaux.
Le cinéma, c’est aussi le rêve, l’évasion, l’ouverture vers un ailleurs quand la réalité est morose ou difficile. Le cinéma, c’est réaliser qu’il y a un autre, là sur l’écran, en face de nous, et même un tout-autre plus grand que nous.
Car oui, aller au cinéma, c’est faire l’expérience de quelque chose qui nous dépasse et qui peut nous redonner foi en l’Homme. C’est en ce sens que Jean-Luc Godard disait : « Aller au cinéma, c’est lever la tête, regarder la télévision, c’est la baisser. » Aller au cinéma, c’est aussi faire l’apprentissage de la vie, pour les jeunes, ou pour les moins jeunes !
Qui n’a pas sa petite liste en tête de films qui l’ont marqué et aidé à grandir, à l’adolescence ou plus tard? Sinon, je vous encourage à en commencer une, à tout âge ! À ce propos, le critique Alain Bergala écrivait : « Chacun porte sa liste comme un paysage énigmatique à déchiffrer. Les rencontres au cinéma sont souvent celles de films qui ont un temps d’avance sur la conscience que nous avons de nous-même et de notre rapport à la vie. »

Car aller au cinéma, c’est faire une rencontre, avec des lieux, des personnages, des histoires, des drames, des joies. Et ce sont toutes ces émotions-là qu’ont expérimenté pour la première fois les spectateurs du Salon indien du Grand Café, le 28 décembre 1895, à Paris. Et contrairement à la légende, ils ne se sont pas enfuis en voyant entrer le train en gare de La Ciotat mais furent tellement subjugués que l’aventure du cinématographe pouvait enfin commence